Vous n’êtes pas spécialiste du sommeil ? Ça tombe bien, on répond à toutes vos interrogations dans cet article.

Vous êtes-vous déjà fait la remarque que le temps passé à dormir (environ 8h par nuit), représente un tiers de notre cycle circadien, c’est à dire de 24h ?

Mais alors est-ce que ça voudrait dire qu’on passe ⅓ de notre vie à dormir ou à être couché en tout cas ?! Et bien oui.
C’est fou non ?

Alors aujourd’hui je vous propose de faire connaissance de ce fameux sommeil.
-Comment ça marche ?
-Qu’est-ce qui fait qu’on dort ?
-Et finalement, est-ce que dans l’absolu nous avons vraiment besoin de dormir ?

Définir le sommeil en quelques mots reviendrait à dire que c’est l’état naturel d’une personne qui dort. Cet état se manifeste par la suspension de la vigilance et le ralentissement de certaines fonctions. Dit autrement, c’est un état récurrent de perte de conscience du monde qui nous entoure.

En tant que spécialiste du sommeil, je vous propose d’explorer votre sommeil afin de mieux comprendre ce qu’il se passe.

Comprendre le sommeil

L’alternance veille-sommeil

spécialiste sommeil adulte

Le sommeil s’oppose à l’état de veille avec lequel il s’alterne sur un rythme de 24h appelé cycle circadien. Je précise que ce cycle fait référence à celui de la terre autour du soleil. En effet, notre biologie a intégré ce rythme mais aussi cette alternance depuis la nuit des temps.

Au milieu du siècle dernier, certains chercheurs en France et aux Etats-Unis ont fait l’extraordinaire découverte que nous avions une véritable horloge interne, basée sur 24h10 environ, qui orchestre cette alternance au fil de la journée, des semaines, des saisons etc.

C’est donc ancré dans nos gênes.

D’ailleurs, saviez-vous que tous les êtres vivants dorment ? De la bactérie, à la vache en passant par l’oiseau et le gorille, tous ont un cycle veille-sommeil qui s’alterne ! Il a certes un rythme différent et le sommeil peut prendre des formes différentes mais il existe quand même.

Le mécanisme de l’endormissement : merci les hormones !

Derrière le fait de dormir se cache un mécanisme extrêmement complexe et encore assez mal connu aujourd’hui, en tout cas pas dans tous ses détails. Ce qu’on sait en revanche, c’est que le fait de s’endormir résulte d’une bascule entre l’état de veille et celui du sommeil.  Imaginez une balance, une ancienne balance avec deux coupes de chaque côté.

Dans une des coupes vous avez ce qu’on va appeler la pression de l’éveil et dans l’autre la pression du sommeil. Dès que, dans notre corps, l’une des coupes est plus lourde que l’autre, alors nous basculons : soit nous tombons dans le sommeil, soit nous nous réveillons.

Cette pression s’accumule en fonction du temps qui passe et de l’action combinée ou opposée de nombreuses hormones. Les principales et les plus connues sont : la mélatonine et le cortisol.

Si on devait vous prélever une goutte de votre sang toutes les heures pendant 24h et qu’on étudiait les taux de ces hormones sous forme de graphique nous aurions 2 jolies courbes en complète opposition.

Celle du cortisol qui commence à s’élever vers 5-6h du matin, augmente jusqu’à 14h puis commence à redescendre pour raser les pâquerettes vers 21h22h.

A l’inverse, la mélatonine disparaît presque complètement vers 5-6h du matin pour être à nouveau produite vers 20h et atteindre son pic vers 2-3h du matin avant de redescendre à nouveau.

Que se passe-t-il si un petit grain de sable vient enrayer ce fin mécanisme ? Et bien l’alternance veille sommeil ne se fait plus correctement et c’est la place aux insomnies de début de nuit, aux réveils précoces ou aux réveils nocturnes.

D’autres éléments peuvent également venir contribuer aux troubles du sommeil dont souffrent 30% de la population dans nos sociétés modernes aujourd’hui. Et ce, sans évoquer les maladies du sommeil à proprement parler, telles que l’apnée du sommeil, la narcolepsie, le syndrome des jambes sans repos…  Mais tout cela fera l’objet d’un prochain article !

3 choses à connaître, notre spécialiste du sommeil vous dit tout

quelle température chambre pour bien dormir

Les besoins de sommeil évoluent avec l’âge

Le besoin de sommeil est très important chez le nouveau-né qui passe la majeure partie de son temps à dormir. Le temps de sommeil reste important chez le bébé, l’enfant et l’adolescent. Les adultes ont généralement moins besoin de sommeil. Au-delà du temps de sommeil, c’est la structure du sommeil qui change. Sommeil polyphasique pour le nourrisson, biphasique chez le bébé, monophasique pour l’enfant, l’adolescent et l’adulte, puis à nouveau biphasique chez les séniors. On dit souvent que les personnes âgées ont besoin de moins de sommeil mais visiblement ce n’est pas exact. Les études montrent que leur sommeil est simplement de bien bonne qualité et qu’il leur est plus difficile d’avoir des nuits complètes. D’où un retour à un temps de sieste en journée, en plus du temps de sommeil de nuit.

Le sommeil n’est pas uniforme 

En effet, le sommeil présente une succession de plusieurs cycles, eux-mêmes composés de 4 phases distinctes qui vont s’alterner la nuit : l’endormissement, le sommeil lent profond, le sommeil lent léger et le sommeil paradoxal. Le sommeil profond est surtout présent en début de nuit, le sommeil léger et paradoxal est plus présent en fin de nuit. Une nuit de sommeil comporte entre 4 ou 5 enchaînements de cycles et dure environ 8h.

Chaque phase de sommeil a une spécificité et des caractéristiques différentes au niveau de l’activité cérébrale. Aujourd’hui grâce aux IRM 3D les chercheurs peuvent étudier plus précisément et en images les différents cycles du sommeil et ont pu faire le constat suivant : le sommeil profond se caractérise par une activité cérébrale très calme et une déconnection très forte avec notre environnement. C’est ce sommeil qui est dit le plus récupérateur, il permet notamment au corps de se régénérer. Le sommeil léger est relativement similaire mais moins intense : nous sommes plus facilement “réveillables”, plus sensibles aux bruits. Quant au sommeil paradoxal, c’est celui des rêves et on constate ici une activité cérébrale extrêmement intense, encore plus intense que celui de l’éveil.

Pendant les phases de sommeil paradoxal les yeux bougent à grande vitesse alors qu’à l’inverse le corps est comme paralysé. C’est ce qui explique la sensation que vous avez probablement déjà expérimentée : vous voulez échapper à un monstre qui vous poursuit mais que votre corps pèse 15 tonnes, et vous êtes comme scotché au sol ! C’est dans ces moments que la panique vous envahit. Et bien ce n’est pas qu’une illusion -enfin votre rêve si !- mais la sensation de paralysie est elle bien réelle, vos muscles ne peuvent pas bouger. Ce qui est particulièrement utile pour ne pas étrangler son conjoint dans son sommeil à chaque cauchemar !

La notion de micro-réveil

Entre chaque alternance de phase de sommeil, il se produit un micro-réveil. Celui-ci peut durer de 1 à quelques minutes et dont nous ne gardons aucun souvenir. Lorsque le sommeil est très léger et/ou qu’un stimulus (même faible) parvient au cerveau exactement à ce moment-là, alors le micro réveil se transforme en réveil conscient, qui peut durer bien plus longtemps selon les individus et les moyens utilisés pour se rendormir.

En conclusion de ces 4 points, il est intéressant de retenir que ce n’est pas donc pas uniquement la durée qui fait d’une nuit “un bon sommeil”, mais aussi la qualité, la répartition des différentes phases et le temps que nous passons dans chacune d’elle.

Le sommeil, une apparente faiblesse pourtant conservée par l’évolution…

mon cerveau ne veut plus dormir

L’évolution fait rarement les choses au hasard ! Si au fil des centaines de milliers d’années passées, l’évolution de l’homme -et des autres espèces- lui a fait fait conserver cette particularité, qui le met pourtant en grand danger un tiers de sa vie, c’est qu’il y a une raison. Et cette raison est la suivante : ce que procure le sommeil ne peut être apporté par aucun autre moyen.

L’importance de bien dormir vu par notre spécialiste du sommeil

Le jour, les fonctions de notre organisme sont majoritairement tournées vers l’extérieur : nous bougeons, nous interagissons avec les autres, nous devons nous concentrer, apprendre, échanger, nous brûlons des calories, nous utilisons nos muscles, notre système digestif est très occupé à la digestion, nos cellules s’activent, etc. On parle de phase catabolique.

La nuit c’est l’inverse. Notre organisme se tourne vers l’intérieur pour se régénérer, se reconstruire et nous préparer à la journée qui suit. Le cerveau, les muscles, l’ensemble des organes et des tissus se réparent, les déchets sont éliminés, les cellules abîmées sont détruites. Bref, c’est toute notre vitalité, notre santé, qui sont ainsi entretenues. Et nous pouvons préciser que nous avons besoin d’environ 7h à 8h pour cela… pas moins !

Mais alors que se passe-t-il lorsque nos nuits sont écourtées ?
On parle alors de “dette de sommeil”.
Un individu en dette de sommeil puise dans ses réserves et ne bénéficie pas entièrement des bienfaits du sommeil. Voyons concrètement de quoi il s’agit.

Les conséquences de la dette de sommeil

La dette de sommeil a des conséquences néfastes sur l’ensemble des fonctions de l’organisme.

Au niveau intellectuel et cognitif 

L’apprentissage devient plus difficile, la mémoire est altérée, les capacités de concentration sont amoindries, les prises de décision sont plus aléatoires et moins rationnelles, notre sens logique s’amenuise etc.

Au niveau physique

Les tissus se reconstruisent moins vite et le terrain est plus propice aux blessures. De même, les réflexes sont plus lents et notre force physique est moindre etc.

Au niveau physiologique

Les système endocrinien et nerveux sont mis à mal, le système immunitaire est affaibli, l’inflammation est moins bien gérée et fait le lit des maladies dites de “civilisation” etc.

Au niveau émotionnel

La capacité à gérer ses émotions, à relationner aux autres, à exprimer de l’empathie, à faire preuve de patience et de bienveillance…régressent. Cette liste ne saurait être exhaustive mais, vous l’aurez compris, rien échappe aux conséquences d’un manque de sommeil.

Sur une seule nuit de privation, les répercussions sont minimes. Même sur plusieurs d’ailleurs, et heureusement, mais que penser de la dette chronique de sommeil qui touche la majorité d’entre nous ?

Quand les 6h de sommeil sont la norme, que les nuits blanches font légion, ou que nous travaillons en horaire décalés pendant des années ?

Le manque de sommeil a un coût. Individuel, social, professionnel, financier. L’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) parle aujourd’hui de “véritable fléau” lorsqu’elle évoque la dette de sommeil. Ce n’est pas rien !

Le mot de la fin de notre spécialiste du sommeil

Il est intéressant de retenir que le sommeil est un phénomène inné, naturel, orchestré à merveille par tout notre système hormonal lorsqu’on lui laisse la possibilité de le faire correctement. Le sommeil n’est pas linéaire : tout au long de la nuit différentes phases s’alternent, et tout au long de la vie il évolue.

Le sommeil est indispensable à la vie. Penser le contraire revient à nier nos besoins physiologiques ancestraux !
Prendre soin de son sommeil revient à prendre soin de sa vie.
Pour cela, respecter son rythme circadien est indispensable.

Pour avoir plus d’informations, vous pouvez visiter notre site ou directement nous contacter.

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